Il m’a fallu choisir entre vivre ou mourir.
En avril 2013, j’ai passé six semaines aux Soins intensifs à la suite d’un syndrome de Wallenberg consécutif à un AVC, suivies de trois semaines au centre de réadaptation de L’Hôpital Queensway Carleton à Ottawa.
Durant mon hospitalisation aux Soins intensifs, j’étais incapable de m’alimenter ou de respirer de façon autonome, et je devais compter sur l’aide du personnel médical et d’appareils pour me maintenir en vie. J’ai eu quelques complications, mais, heureusement, mon état de santé s’est amélioré progressivement, grâce à une équipe de soignants qui se souciait de moi et m’encourageait, chaque jour, à en faire un peu plus.
Dès le début, mon médecin a dit à mon épouse que je ne pourrais probablement jamais respirer, marcher ou parler indépendamment. Mais j’ai, petit à petit, passé haut la main tous les tests au cours de mon séjour de 9 semaines.
Quand je repense à mon hospitalisation, l’artiste que je suis était en manque de couleurs en raison des murs nus. De retour chez moi, j’ai peint deux tableaux que j’ai intitulés « A Sunny Day » et « Going Home » et dont j’ai fait don à L’Hôpital Queensway Carleton en remerciement des soins exceptionnels qui m’y avaient étė prodigués. Ils ornent désormais les murs des Soins intensifs et du Centre de réadaptation. J’aussi parlé à des médecins, infirmiėres et patients de l’Hôpital Régional de Pembroke; j’ai pris la parole à L’Hôpital Queensway Carleton et à L’Hôpital d’Ottawa à l’occasion de la Semaine des soins infirmiers pour exprimer ma gratitude pour leurs soins empreints de compassion. Un feuillet a été envoyé en mon nom et, à ma grande surprise, a suscité 60 000 $ en dons pour l’achat de nouveaux équipements pour les Soins intensifs de L’Hôpital Queensway Carleton.
Sur le plan personnel, j’ai dû prendre une décision difficile aux Soins intensifs. Il m’a fallu choisir entre vivre ou mourir. Cela ressemblait à un compteur. Si j’allais à droite, je perdrais la vie; si j’allais à gauche, je vivrais. Ce type d’AVC s’accompagne d’une forte probabilité de graves complications pendant la convalescence, mais je savais que si je rassemblais mon esprit et mon corps, rien ne pourrait m’arrêter. Voici une citation de K.G. Mills qui m’a beaucoup aidé : « Prier est une activité consacrée à la prise de conscience.»
Je savais que je devais bouger.
Au Centre de réadaptation, je suis allé tous les jours au gymnase, parfois à reculons (les surveillants du Centre m’encourageaient, sans toutefois me brusquer) et, semaine après semaine, j’ai gagné en force et en mobilité.
Le fait d’être rempli d’espoir et d’avoir le soutien d’autrui m’a aidé à affronter le périple. L’écriture m’a aidé à guérir et j’ai rédigé des poèmes de gratitude à mon équipe de soignants. De retour à la maison, j’ai commencé à faire du vélo pour gagner en endurance. Au début, j’ai parcouru 1 km, puis 5 km, puis 10 km. Au bout d’un an, j’ai pu participer à la course de la Gran Fondo de 65 km.
Il semblerait que ma détermination et ma volonté de retrouver ma vie d’avant ont inspiré d’autres personnes à en faire de même et pourraient aider d’autres patients à remonter la pente après un AVC. Mon médecin et un physiothérapeute m’ont encouragé à commencer à relater mon expérience par écrit, pour aider les personnes confrontées à des difficultés semblables en matière de convalescence, pour leur redonner de l’espoir et les encourager à vivre pleinement. Je n’ai jamais baissé les bras et je m’engage à aider les gens dans la même situation. Mon sens de l’humour m’a permis traverser les moments difficiles qui accompagnent les effets dévastateurs d’un AVC. Je ne saurais jamais exprimer toute ma gratitude d’y avoir survécu.
Dans quelle mesure l’AVC a-t-il changé votre vie?
Un AVC est un événement bouleversant. Chaque personne est différente, et l’impact et les répercussions varient d’un patient à l’autre. Je me suis consacré à la peinture lors de mes insomnies, ce qui a stimulé mon esprit. La gratitude et la compassion m’ont envahi, vu que j’avais « évité le pire ». Je suis rescapé d’un AVC je dois me construire une vie nouvelle et plus enrichissante. J’ai encore quelques petits problèmes et je fais de mon mieux pour les transformer en possibilités. Je sais que j’ai été très chanceux. Mon orthophoniste a été extrêmement utile, et malgré mon diagnostic de paralysie des cordes vocales, je peux encore chanter, parler au téléphone et participer à des réunions Zoom, en plus de parler en public.
En y repensant, je me rends compte que mon état d’esprit a joué un rôle essentiel dans ma convalescence. Me répéter des citations utiles comme : « Remplissons notre esprit de tant de lumière, de vérité et d’amour, de sorte qu’il n’y ait plus aucune place pour le mal, la maladie ou la mort » de Mary Baker Eddy et « Guérir soulage l’isolement » de Kenneth G. Mills.
Mon épouse, ma source de réconfort, ses parents, leur pasteur, nos amis et notre communauté ont prié pour moi et ont été présents en tout temps. Les rires, la pleine conscience et la gratitude m’ont aidé à surmonter l’insurmontable.
Qu’avez-vous accompli à la suite de votre AVC et pendant votre convalescence?
Je dirais que j’ai donné en retour à ma communauté en peignant des tableaux, en écrivant des poèmes ainsi que le livre Hope, Recovery and a New Life, dans lequel je relate en détail ma convalescence et qui contient plusieurs œuvres d’art qui m’ont soutenu ainsi que d’autres dans le processus de guérison. Tout en amassant des fonds pour l’achat d’équipements pour les Soins intensifs grâce à mon histoire, j’ai fait une entrevue diffusée sur Rogers Cable 22 et CTV, et j’ai été gentiment honoré au Amazing Persons Gala (gala soulignant la contribution de personnes exceptionnelles) en raison de mes activités de sensibilisation à l’AVC.
Le « rescapé » que vous êtes vit-il aujourd’hui différemment et, si oui, pourquoi?
J’aime peindre et je passe de longues heures devant le chevalet, et voir les couleurs prendre vie sur la toile a contribué à ma guérison. La peinture étant un moyen créatif de donner en retour, je montre mes tableaux sur Facebook pour partager ce qui a été, pour moi, une immense source de satisfaction tout au long de mon périple intérieur et extérieur. Je suis un artiste-peintre autodidacte, et j’ai le soutien constant de mon épouse qui est, elle, une artiste accomplie. Pour moi, une œuvre d'art raconte une histoire qui est apaisante autant pour le peintre que pour le spectateur.
J’ai écrit un autre livre, cette fois autobiographique, intitulé Riding the Sound Wave, dans lequel je raconte que j’ai chanté 7 fois à Carnegie Hall et que j’ai fait 5 tournées européennes avec les Star-Scape Singers sous la baguette de Kenneth G. Mills.
Quels sont les 3 conseils que vous donneriez à une personne qui vient de faire un AVC?
- Appréciez ce que pouvez encore faire et arrêtez de vous comparer à la personne que vous étiez avant l’AVC.
- Exprimez votre reconnaissance aux équipes de soignants et remerciez-les pour tout leur travail. (Essayez de ne pas trop vous plaindre). La gratitude et l’humilité ont une grande importance!
- N’oubliez jamais que votre esprit transcende votre corps et dispose de capacités de guérison qui peuvent avoir une influence sur votre rétablissement.
Quel est le message principal qui reflète votre expérience d’AVC?
Ne jamais perdre espoir; un miracle est toujours possible.